Grimpe et grossesse : la reprise après accouchement

Grimpe et grossesse : la reprise après accouchement

Et voici la suite de l’histoire ! Si vous n’avez pas encore lu la première partie, vous pouvez la retrouver ici dans l’article « grimpe et grossesse ».

Après 9 mois de transformation et d’adaptation, le moment tant attendu de l’arrivée de bébé arrive enfin. Ce moment qui fait à la fois peur mais qui permet de se libérer de ce ventre devenu tellement (trop!) énorme. Après une grossesse qui s’était déroulée plutôt sereinement, je croyais avec optimisme que la reprise de la grimpe serait assez rapide après l’accouchement… Mais cela s’est avéré un peu plus compliqué que ça, c’est pourquoi j’ai pensé que cela pourrait être une expérience intéressante à partager !

Le post-accouchement : en mode raplapla

Accoucher, c’est un peu comme vivre un énorme séisme intérieur… ça secoue fort, très fort, et quand ça se termine enfin l’esprit est heureux mais le corps est tellement épuisé ! Pour ma part j’avais la sensation qu’un énorme poids lourd m’était passé dessus… Bébé Nohan est né 15 jours avant terme d’un accouchement par voie basse, sans instrument, avec le joli poids de 4,130 kg pour 53 cm… Une chose est sûre, la grimpe et le sport en général pendant la grossesse ne l’a pas empêché de bien grandir !  Alors que j’étais en pleine forme jusqu’au dernier moment, je dois avouer que pendant les 15 jours qui ont suivi l’accouchement j’étais vraiment à plat, à peine capable de marcher une centaine de mètres… ça m’a fait tout bizarre, je ne m’attendais pas du tout à cela et j’avais donc beaucoup de mal à imaginer la suite!

Allaitement et reprise de la marche dès la troisième semaine

Mais le corps est juste extraordinaire ! Alors qu’il vient de subir une épreuve extrême, il se met à produire des hormones dans tous les sens pour se rétablir,  tenir le coup en dormant très peu, et produire suffisamment de lait pour que ce petit bébé puisse manger et prendre du poids jour après jour… C’est complètement incroyable ! En ayant fait le choix d’allaiter pendant les 4 premiers mois, je faisais aussi le choix de rester 24h/24 avec bébé sans trop pouvoir demander de relais, mais c’était quelque chose qui me tenait à cœur et qui ne me paraissait pas incompatible avec la reprise progressive de la grimpe. Bébé pleurant beaucoup jour et nuit, il passait la plupart de son temps en écharpe de portage ou en porte-bébé à se promener avec nous. Et on en a marché des kilomètres pour le bercer et l’apaiser! La marche à pieds restant de toute manière la meilleure façon de reprendre la forme à cette étape de reconstruction, nous en avons profité pour découvrir de jolies ballades près de chez nous …

L’écharpe de portage…bien pour la maison…mais le porte bébé …mieux pour la rando !

Rééducation abdos-périnée dès la 6ème semaine

En temps normal, on commence la rééduction 8 à 9 semaines après l’accouchement. Mais j’avais lu plusieurs fois que plus tôt on commençait (quand cela était possible bien sûr), plus vite on récupérait… j’ai donc demandé un RDV de contrôle gynéco à 5 semaines qui m’a permis de commencer les séances de kiné dès la 6ème semaine. Et c’était vraiment important de faire cette rééducation car en termes d’abdos je repartais de 0 voire de -10 000 ! Avec deux séances de kiné par semaine (une orientée rééducation du périnée et l’autre plutôt rééducation abdominale) combinées à des exos quotidiens à la maison, en 5 semaines de kiné je me sentais déjà un peu mieux 😉. A 10 semaines post-accouchement j’ai donc été faire ma première petite visite en falaise, avec au programme 2-3 voies dans le 5 en moulinette. Cela m’a fait super plaisir mais je sentais que je ne pouvais pas en faire beaucoup plus… avec un corps tout mou la grimpe est tellement différente ! Puis j’ai essayé de refaire une première  séance de bloc en salle « pour voir », mais là ça a été vraiment la grosse claque : j’arrivais à peine à grimper les blocs les plus faciles de la salle, n’ayant plus aucun gainage, plus aucun muscle nulle part d’ailleurs, je me sentais tellement faible !

Retour en falaise dans les Gouleyrous ! De la belle dalle à bonnes prises pour démarrer, c’est parfait 😉  Première séance en falaise pour bébé Nohan à 2 mois et demi !

Laisser le temps au temps…

Pour le 3ème et 4ème mois de Nohan, nous avons séjourné longuement à l’hôpital de Montpellier (à 2h de route de la maison) pour solutionner un problème de santé qu’il avait depuis la naissance et qui expliquait une bonne partie de ses pleurs et de ses nuits sans dormir. La grimpe était loin d’être notre préoccupation principale mais les petites séances de bloc par-ci par-là dans les salles alentour nous aidaient à garder le moral et nous permettaient, à tour de rôle, de sortir un peu de l’ambiance « blouses blanches ». Je continuais les exos de kiné chaque jour, et j’allais marcher ou courir autour de l’hôpital 2 fois par semaine pour essayer de reprendre un peu d’endurance. Nous avons pu aller deux ou trois fois en falaise pendant cette période et je voyais que ce peu d’entrainement, malgré tout, me permettait maintenant de regrimper en tête dans du 6b/6c… Il fallait juste du temps.

Du 5ème au  12ème mois : tout revient petit à petit

 A 5 mois quand nous avions enfin solutionné les problèmes de santé de Nohan, j’ai arrêté d’allaiter, repris le travail, et avec le démarrage de la nounou j’ai retrouvé petit à petit le plaisir du rocher et du temps passé en falaise. A 6 mois nous avons fait un petit trip escalade à Saint Léger et à Buoux où j’ai recommencé à grimper dans le 7, en restant fébrile et hésitante sur certains mouvements mais j’arrivais quand même à me faire plaisir, et c’était bien là le plus important à ce stade !

La rose des sables 7a classique à Buoux, jolie croix à vue 6 mois après l’accouchement

 

A 7 mois Nohan a lui aussi envie d’aller grimper !

 

En salle par contre j’avais encore énormément de mal à gainer et à faire tous les mouvements qui sollicitaient les abdos latéraux appelés “grands droits”… Puis avec le nouveau confinement d’automne qui s’est imposé et une entorse à la cheville suite à une mauvaise chute, j’ai surtout grimpé en falaise les mois qui ont suivi. Pendant l’hiver je suis retournée dans un projet en 7c+ que j’avais laissé pendant ma grossesse. Lors des premiers essais je sentais bien que le manque de gainage était vraiment problématique… mais quand j’ai voulu reprendre l’entrainement TRX je me suis coincée méchamment le dos… entre la grossesse et le fait de porter bébé quasi tout le temps pendant ces derniers mois, il a fallu passer par quelques nouvelles séances de kiné (kiné postural cette fois) pour tout remettre d’aplomb avant de vraiment chercher à forcer…

A 9 mois, Nohan a enfin commencé à faire ses nuits (nous sommes maintenant début février), et s’en est suivi pour moi plusieurs belles croix dans le 7c/7c+, dont ce fameux projet Arch’Ange que j’avais très à cœur de réussir pendant l’hiver. C’était une voie que j’avais commencé à travailler l’année précédente en étant enceinte, et qui me demandait beaucoup de technique et de rési. Devenant trop « lourde » j’avais dû arrêter de mettre des essais alors que je tombais juste 1 fois dans le crux. Réussir à enchaîner enfin cette voie, quasi 1 an et demi plus tard et avec tout ce qui s’était passé entre-temps, était pour moi un accomplissement qui me faisait dire : « ça y est, cette fois je suis vraiment de retour dans le jeu ». Et tout ça grâce à mon partenaire de cordée préféré, qui n’a jamais cessé de m’encourager…voire même de me remonter un peu les bretelles quand je recommençais à douter ! 😉

Trop contente après l’enchainement d’Archange 7c+ en mars, 11 mois après l’accouchement. Pour l’instant c’est doudou pingu qui montre à Nohan comment on fait les pendules !

Grimper avec bébé…possible ou compliqué?

Je dirais les deux ! Pour nous c’était effectivement la grande inconnue car nous n’avions jamais grimpé auprès de jeunes parents avec leurs enfants. Nous avions donc tout à découvrir sur cette nouvelle organisation ! Au début, si bébé dort un peu en journée c’est assez facile, il suffit de trouver un coin en sécurité pour le poser dans son transat ou son berceau quand il a envie de se reposer. Nous avions opté pour un gros panier en oseille pour le faire dormir pas loin de nous dans un premier temps, le même que nous utilisions à la maison pour qu’il se sente en sécurité dans un couffin connu. Mais nous avons aussi rencontré pas mal de jeunes parents qui avaient de toutes petites tentes pop up pour les bébés, sans doute plus pratiques à transporter que notre gros panier qui ressemblait à un départ pour une expé big wall !

Pour la séance de grimpe, nous avons essayé d’être le plus souvent possible au minimum à 3 grimpeurs, pour qu’il y ait toujours une personne disponible pour s’occuper de Nohan. Nous n’avons jamais trop opté pour l’assurage en portant Nohan car il n’aimait pas ça (le surplace ne fonctionne pas très bien…) et en plus nous n’étions vraiment pas sereins par rapport au risque de chutes de pierre… Il nous est arrivé d’aller quelques fois grimper juste tous les trois en famille mais on faisait alors une petite séance en visant l’heure de la sieste (13h30-15h30) pour pouvoir grimper un peu. Et il fallait bien gérer car 2 heures ça passe très vite ! Quand Nohan est devenu trop grand pour le panier (vers 6 mois), nous avons opté pour le recyclage d’une vieille petite tente autoportante 2 personnes pour lui faire faire la sieste en falaise. Cela a plutôt bien fonctionné jusqu’à ce qu’il marche (vers 13 mois) puis l’envie d’explorer est devenue beaucoup plus forte que l’envie de dormir… et là c’était fini pour la sieste en plein air ! Jusqu’à ce qu’on teste notre 3 secondes fresh&black…un peu encombrante mais efficace comme tente de jeu pour les enfants… et parfois aussi comme tente de sieste pour petits et grands !

Une motivation décuplée pour enchaîner les voies

Ayant beaucoup moins de temps pour grimper qu’avant, nous nous sommes rendus compte que depuis l’arrivée de Nohan notre façon d’aborder une séance d’escalade avait pas mal changé. Même en étant super fatigués, même si les conditions ne sont pas au top le seul jour de la semaine où nous pouvons grimper, nous nous retrouvons finalement à enchaîner les voies plus rapidement qu’avant, en ayant appris à tout donner à l’instant T. Comme une motivation extrême qu’on arrive à puiser en nous en faisant abstraction de tout le reste. On est à la falaise ici et maintenant et on sait que ce temps est précieux, alors on fait du mieux possible avec ce qu’on a. Et puis si on n’arrive pas à enchaîner, ce n’est pas si grave car on a notre petit rayon de soleil qui nous attend et nous redonne le sourire dès qu’on repose les pieds au sol !

Papa, c’est bon je t’assure!

 

1 an après…plus forte qu’avant?

Avec cette super motivation j’ai eu envie au printemps 2021 de retourner voir un 8a et mon choix s’est arrêté sur une très belle ligne dans les Gorges des Gouleyrous que j’avais essayée juste une fois quelques années auparavant. Une voie technique et physique avec 2 pas de bloc que j’étais alors incapable de faire à l’époque… et ça tombait bien, car juste à côté il y avait un autre projet en 8a pour Nico. Dès les premières montées, j’ai réussi à faire tous les pas en trouvant des méthodes qui me correspondaient. Petit à petit en optimisant chaque passage j’arrivais à aller un peu plus loin dans l’enchainement. Et voilà qu’en tout juste 2 semaines, 5 petites journées de grimpe, je me retrouve le jour de l’anniversaire de Nohan, le jour exact de ses 1 an, à enchaîner cette voie mythique au 4ème run. C’était fou ce jour-là !

Je peux donc dire qu’1 an après l’accouchement, juste en grimpant et sans refaire d’entrainement physique spécifique je me sens à nouveau forte, avec encore des lacunes en terme de gainage mais un plaisir de la grimpe revenu à 200% et c’est bien là le plus important ! Ça aurait pu aller certainement un peu plus vite en refaisant plus de salle et en se programmant des circuits trainings réguliers, mais avec la situation du covid ce n’était pas possible et je préférais profiter d’avoir du temps pour aller grimper en extérieur.

La magie des Gouleyrous! Un 8a le jour de l’anniversaire de Nohan, pile 1 an après l’accouchement, incroyable mais vrai!!!

Le mot de la fin…

A toutes les nanas grimpeuses qui sont bientôt sur le point d’accoucher je souhaiterais dédier ces quelques lignes :

  • le jour J, soit forte et endurante, comme si tu faisais une course extrême en montagne qui te demandais pour y arriver d’aller puiser une énergie insoupçonnée au plus profond de toi.
  •  les 15 jours/ 3 semaines qui suivent, ne t’inquiète pas si tu te sens chamallow raplapla…c’est normal avec tout ce que tu viens de vivre ! Mais tu verras le corps est trop fort, il a juste besoin de temps pour se remettre…
  •  la marche à pied est ton meilleur allié. Pour bercer bébé tout en retrouvant la forme!
  •  la rééducation abdos périnée est hyper importante, à faire absolument et peu importe le type d’accouchement vécu. A démarrer le plus tôt possible!
  •  il va se passer plusieurs mois avant que tu retrouves tes pleines sensations de grimpe… 6 mois ? 9 mois ? peut-être 1 an ? Pas de rush, ça va revenir petit à petit, en parallèle il faut aussi se faire à ta nouvelle vie de maman prenante, palpitante, mais aussi très fatigante. Ce qui est important c’est de te garder des moments dédiés à la grimpe, et les inclure dès le départ dans cette nouvelle vie où le temps semble toujours s’envoler.
  •  grimper en couple ? Oui c’est encore possible avec bébé mais de préférence le jour où il est chez la nounou…ou chez papi et mamie si tu as la chance de les avoir à côté! (ce qui n’est malheureusement pas notre cas!)

 

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Grimpe et grossesse : un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout ?

Grimpe et grossesse : un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout ?

Devenir parents… la question nous trottait dans la tête depuis un moment, mais avec nos vies de grimpeurs nomades, difficile de se décider à franchir le pas ! La période de grossesse notamment m’inquiétait un peu, avec cette idée un peu rebutante de passer 9 mois à « attendre » sans plus trop pouvoir grimper…ni même peut-être travailler ! J’avais envie de me rassurer en lisant des récits de grimpeuses ou des études sur les sportives enceintes, mais force était de constater qu’il n’y avait vraiment pas grand-chose d’écrit sur le sujet ! En tout cas dans les livres plus « classiques » autour de la grossesse, l’escalade figurait systématiquement dans la liste des « activités à proscrire », mais à mon sens pas pour les bonnes raisons. “Activité à risque”, “Risque de chutes et de chocs”… oui et non. Tout dépend du grimpeur, de l’assureur, du lieu de pratique, du type de pratique… Convaincue au final que le plus important pour moi pendant ma grossesse serait de me sentir bien à la fois moralement et physiquement, et que pour ça j’allais avoir besoin de continuer à grimper, j’ai eu envie de voir et d’expérimenter par moi-même le champ des possibilités de la grimpe en étant enceinte… dont voici la petite histoire…

Un discours médical finalement plutôt rassurant

Dès le départ, mon médecin généraliste, médecin du sport, a posé un cadre qui me rassurait beaucoup, en tout cas beaucoup plus que mes lectures ! : «  Tu es sportive, tu connais donc plutôt bien ton corps. Ecoute-le. Il te dira si tu en fais trop. L’escalade ? Oui sans souci. Tu commenceras à faire attention quand ton ventre sera bien sorti, aux alentours du 6ème mois. Tu veilleras alors à le protéger contre les coups et les chocs, et donc tu adapteras ta pratique. Mais d’ici là, profite ! Un embryon viable qui veut s’accrocher s’accroche, donc pas d’inquiétude à avoir pour les mois qui arrivent, tu peux grimper et travailler comme tu en as l’habitude ». Ouf ! Je suis ressortie de cette consultation vraiment soulagée ! Par la suite, j’ai été suivie mensuellement dans un cabinet de gynéco qui avait pour habitude faire un contrôle échographique à quasi chaque visite, et qui avait aussi un regard plutôt positif sur le sport  en étant enceinte. Comme c’était mon métier, j’ai eu la sensation que le discours était vraiment adapté par rapport à quelqu’un qui pratique uniquement en loisirs, et pour qui le “besoin de pratiquer” est considéré comme moindre (alors que pour certaines personnes c’est peut-être vital!)…  En tout cas ce suivi me permettait d’être bien rassurée sur le fait que ni mon activité professionnelle ni ma pratique personnelle ne mettait en danger ma grossesse, et m’a permis de continuer  à grimper sereinement, tout en restant bien à l’écoute !

Grimpe quasi normale pendant les premiers mois de grossesse

Les premiers mois, j’ai donc continué à grimper en bloc, en voie, en grande voie, à donner mes cours d’escalade… tout allait plutôt bien. Les nausées de début de grossesse n’étaient pas trop fortes et je m’adaptais en mangeant de petites quantités tout au long de la journée… Je ressentais juste le besoin de dormir davantage d’heures la nuit pour ne pas me sentir fatiguée. A 4 mois de grossesse, malgré mes 6 kg de plus (hé oui ça va vite !) j’avais encore toute la motivation et le plaisir d’aller voir des voies proches de mon niveau max. Je ne me sentais pas affaiblie, au contraire j’avais les supers hormones qui me gardaient bien en forme !  La grimpe en tête ne m’inquiétait pas, mais par contre je faisais vraiment attention à qui m’assurait pour être correctement dynamisée en cas de vol. Et puis en salle je continuais à faire du bloc, mais dès le 2ème mois je m’étais rendue compte que les jetés me faisaient mal aux abdos. Je ne faisais donc plus de blocs qui présentaient des passages en jetés. Et j’adaptais mes séances en fonction de mon ressenti, en veillant notamment particulièrement à mes doigts car la grossesse s’accompagne d’un vrai bouleversement hormonal qui joue notamment sur les muscles et les ligaments en les relâchant… Cela combiné à la prise de poids progressive, attention aux blessures qui peuvent vite arriver !

Grimpe à Majorque à 3 mois de grossesse…mis à part le fait que je ne peux plus fêter mes croix avec une bonne bière en fin de journée, tout va bien !

La découverte de la grimpe en duo…

A 5 mois de grossesse, je commençais à déjà bien sentir bébé bouger dans mon ventre… Désormais quand je grimpais je ne pouvais plus faire « comme si de rien n’était », nous étions maintenant deux au bout de la corde, et on commençait même à se parler en grimpant 😊 J’avais choisi une sage-femme spécialisée en haptonomie pour nos cours de préparation à la naissance et je trouvais cette approche d’entrer en communication régulièrement avec bébé très intéressante, notamment dans mes séances de grimpe. Selon comment bébé était positionné certaines montées de pied commençaient à être un peu plus compliquées, mais je grimpais encore assez fort sur des profils de voie qui me plaisaient, notamment en léger dévers pour que la réception des vols soit plus douce, en ayant pris l’habitude d’attraper mon baudrier à 2 mains pour ne pas qu’il me tire sur le ventre au moment où la corde se tend. De cette manière je n’ai jamais ressenti de gêne ni de douleur en prenant un vol ! C’était souvent Nico qui m’assurait, et je dois avouer que je lui suis très reconnaissante pour la confiance qu’il m’accordait. Il ne m’a jamais freinée dans mes choix de voies ou de grimpe en tête, au contraire il m’a soutenue tout au long de ma grossesse pour que je puisse continuer à me faire plaisir tout en portant ce petit être que nous avions conçu ensemble… et que nous avions d’ores et déjà intégré à notre cordée 😉 !

 

Ici en week-end à Saint Antonin Noble Val pour fêter mon 5ème mois de grossesse avec notamment une belle croix dans un 7b flash.

Quelques adaptations pour le 6ème mois de grossesse

Le 6ème mois de grossesse a été, comme prédit par mon médecin, un mois d’adaptation. Mon ventre devenait de plus en plus gros, et après une séance un peu intense de bloc où j’ai beaucoup grimpé et un peu trop sauté sur le tapis, j’ai le ventre qui est soudainement devenu très dur. J’ai eu mal pendant une dizaine de jours, celui-ci ne voulait plus se détendre et me donnait vraiment la sensation de vouloir s’ouvrir en deux … C’était un vrai signal d’alerte que m’envoyait mon corps. Il avait tout simplement besoin de répit, de repos et de temps pour s’adapter et laisser de la place à ce bébé qui grandissait…. les abdos, notamment les grands droits, avaient besoin de s’écarter petit à petit. Le poids du bébé sur le périnée me provoquait de temps à autre des douleurs, malgré l’utilisation d’une ceinture de maintien pour alléger et soutenir mon ventre lors de mes journées de cours ou pendant les marches d’approche.  A partir de ce moment-là, j’ai donc décidé de mettre un petit coup de frein sur ma grimpe. J’ai d’abord arrêté de faire du bloc, devenu trop traumatisant à cette étape de la grossesse, tant pour les doigts, les abdos que le périnée qui commençait à souffrir des sauts sur le tapis. En falaise, je commençais aussi à moins bien sentir la grimpe en tête, je passais donc en moulinette, le plus important pour moi étant de pouvoir continuer à grimper, mais sans stress! Vers la fin du 6ème mois il était grand temps de changer de baudrier : le ventre s’arrondissant, celui que j’utilisais avait tendance à « tomber » et passer sous mon ventre, en devenant ainsi trop lâche… J’ai donc cherché un baudrier intégral adapté à la morpholgie d’une femme enceinte, à la fois léger et confortable….ce qui n’a pas été chose facile !

6 mois de grossesse, dernière séance avec le baudrier ventral.

Quel baudrier pour grimper enceinte?

Après avoir essayé le baudrier de travail Petzl Newton Easyfit qu’on m’avait prêté, je me suis rendue compte que c’était trop lourd avec un point de pression désagréable dans le haut du dos à l’endroit du gros anneau antichute prévu pour les travaux en hauteur (mais qui ne me servait à rien dans mon cas)…et en plus ça me cisaillait tellement derrière les cuisses quand je me mettais en position pour redescendre! J’ai alors cherché un type de ouistiti pour adultes avec des pads de renfort sur les épaules et surtout sur l’arrière des cuisses…. Mais je n’ai pas trouvé grand-chose ! Il existe bien un baudrier « Mad Rock Climbing Mountain Mama Harness » mais à 150 dollars ça fait un peu cher pour un baudrier qu’on ne va utiliser que 3 mois ! Et les critiques n’étaient pas vraiment persuasives, le cisaillement derrière les cuisses restant apparemment un problème commun à tous les harnais intégral. Petzl a également un baudrier intégral plus simple, le 8003, mais qui ne possède pas de réglage au niveau du croisement dans le dos et qui reste relativement cher (80 euros environ). Je me suis donc rabattue sur un baudrier intégral tout simple (sans renforts) et vraiment pas cher (30 euros), de la marque allemande « Alpidex », qui a parfaitement fait le job ! Bon par contre, encordé à ce type de baudrier il n’était vraiment plus possible de grimper en tête, un harnais intégral n’étant pas homologué pour ça (et pas du tout prévu à cet effet, car le poids du corps dans cette position de maintien ne permettrait tout simplement pas de se réceptionner correctement d’un vol en tête, le baudrier intégral ayant tendance à mettre le grimpeur droit au lieu de la position assise classique. J’étais déjà plus ou moins passée sur une escalade tranquille en moulinette, et avec mon baudrier intégral j’appréciais en plus de ne plus rien avoir qui me serre le ventre !

Différents baudriers à l’étude…les marques ont rigolé quand je les ai appelées pour savoir ce qu’elles me recommandaient comme baudrier pour femme enceinte : « euh on n’a pas trop l’habitude de ce genre de question 😉 ». Je choisis finalement celui de droite, de la marque Alpidex.

 

Peut-on encore faire de la grande voie en étant enceinte?

A 6 mois et demi de grossesse, je pars dans les Calanques où j’organise un stage grande voie de 3 jours, accompagnée par 2 autres moniteurs d’escalade. Le groupe est super, la météo parfaite, on se régale ! Pourtant entre les 4 heures de route, les grandes marches d’approche et les longues journées dans le baudrier, je ne savais pas trop ce que ça allait donner… Je restais donc attentive à mon niveau d’énergie, et très à l’écoute des signaux que pouvaient m’envoyer mon ventre : un ventre qui se durcit et un ventre qui a besoin de repos.  Mais aucun souci pendant ces 3 belles journées remplies d’aventure, je faisais les marches d’approche avec des bâtons, j’allégeais mon sac au maximum et je portais ma ceinture de maintien pour éviter de surcharger le périnée. Pour le confort au relais j’avais trouvée une petite astuce de baudrier : je portais un baudrier très confort Petzl Calidris par-dessous mon baudrier intégral afin que les gros pads du Calidris me protègent du cisaillement derrière les cuisses. J’étais au top ! Assez étonnée d’ailleurs de pouvoir en faire encore autant à ce stade de ma grossesse, et à la fois tellement heureuse de ces trois jours à marcher, grimper, et contempler la beauté des paysages qui nous entouraient accompagnée d’une super équipe !

A l’aise dans les rappels avec mon nouveau baudrier intégral ! Top groupe pour un top stage!!!!

Se fait-on encore vraiment plaisir à grimper avec un gros ventre?

A partir du 7ème mois de grossesse mon ventre ne faisait que grossir et grossir de plus en plus vite… Mais en moulinette, dans des profils adaptés, je me faisais encore super plaisir ! Dans du 6c/7a j’enchaînais avec mon gros bidou des voies de 30m en optimisant tous mes mouvements, en adaptant mon escalade à un rythme doux et lent, et en jouant avec les placements.  Cette manière de grimper avec mes 12 kgs de plus m’amusait : grimper sans s’arrêter, mais sans jamais forcer et en me concentrant sur les sensations 😉.

Dans les Gorges des Gouleyrous à Tautavel vers la fin de mon 7ème mois de grossesse.

Et puis finalement mi-mars, alors que j’entrais dans mon 8ème mois de grossesse, le premier confinement pour le covid était ordonné. Mon histoire de grimpeuse enceinte s’est donc arrêtée un peu avant la fin, pour poursuivre sur 1 mois et demi de marche à pied quotidienne.  Et de là, avec 15 jours d’avance, est arrivé un joli petit gars de 4,130 kg fin avril ! Notre mini grimpeur est né par voie basse à l’issue d’un accouchement que j’ai voulu vivre le plus naturellement possible… dans l’idée aussi de pouvoir mieux reprendre après, mais ça ce sera pour une autre histoire!

Mi-avril à la fin du 8ème mois de grossesse… bon là honnêtement je ne sais pas si j’aurais continué à grimper avec un ventre si gros !

Le mot de la fin…

Pour finir, voici quelques conseils que je souhaiterais donner aux grimpeuses enceintes (ou en passe de le devenir ;-):

– tout d’abord félicitations ! La vie à 2 c’est déjà super chouette, mais la vie à 3 prend une toute autre dimension!

– chaque personne est différente et je pense que chaque grossesse l’est aussi. Mon expérience n’est donc absolument pas transposable comme telle, sachant aussi que je partais d’un niveau de grimpe et d’un rythme d’entraînement propre à moi-même. Cependant si vous avez l’habitude de beaucoup grimper, que vous ressentez l’envie de continuer pendant votre grossesse et que vous avez le feu vert des médecins (ce qui sera surement le cas dans une grossesse dite « normale » en prenant bien le temps d’en discuter), allez-y ça fait tellement de bien à la tête et au corps !

– bien choisir l’équipe médicale qui vous suit tout au long de la grossesse est primordial pour se sentir bien et sereine, et encore plus quand on a le souhait de vivre une « grossesse  sportive ».

– votre ennemi principal pendant la grossesse : le stress ! Ne vous mettez jamais dans des situations stressantes, et adaptez le niveau et le type d’escalade pour ressentir d’abord et avant tout du plaisir en grimpant !

– écoutez-vous, vous seules au fond de vous-même savez ce qui est bon ou mauvais pour vous…

– et profitez ! Je n’aurais jamais pensé pouvoir dire ça, mais je le dis quand même : ces 9 mois sont tellement particuliers et le corps humain tellement incroyable, que l’expérience d’une grossesse est quand même quelque chose de totalement dingue, et encore plus quand on arrive à la combiner avec sa passion sportive !!!!

 

La suite dans une seconde partie : grimpe et grossesse, la reprise après accouchement 😉

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